THE BELOVED  Where It Is version 2020

Dans ces moments un peu troublés par un mauvais et destructeur virus, il faut se faire plaisir, confiné chez soi…Telle ne fut pas ma surprise de constater sur le net que The Beloved avait ressorti remasterisé son album « Where It Is » de 1987.

Après avoir encaissé le nombre d’années qui se sont passées depuis cette parution, je peux vous dire que cet album est pour moi une source de souvenirs intenses.

Me revoilà à 19 ans, me prenant une claque fantastique à l’écoute de cet album qui est pour moi mythique, qui correspondait à ce que j’étais à l’époque, un mélange de rage, de spleen, d’incertitudes, de contradictions, de volonté farouche et de passages plus obscurs. J’avais bien sûr plongé dans le monde de la new wave, avec cheveux en bataille et uniforme souvent noir, disputant avec les autres étudiants qui m’entouraient le titre de celui qui dénicherait l’album le plus fou. J’avais déjà déniché Minimal Compact, The Sound et tant d’autres…

Et voilà que je tombe sur un article de Best (oui la revue qui a disparu) qui vante cet album, le comparant un peu à New Order.

J’ai adoré cet album, qui fait partie de mon classement personnel, dans le top 20 je précise. J’ai adoré le groupe et je l’ai détesté ensuite, lors de son changement de direction musicale. Je l’ai vécu comme une haute trahison, au point de jeter l’album suivant à la poubelle avec fracas.

Mais revenons à « Where It Is ». Tant de choses à dire, alors que je suis en train de l’écouter de nouveau, n’ayant aucune difficulté à retrouver les paroles…Je souris comme un benêt en me disant que ma mémoire est toujours là, remarquant que l’ordre des titres a changé. Peu importe.

Dès les premières secondes « A Hundred Words » me met en transe, avec ce son de basse bien rampant de Tim Havard que je n’ai jamais réussi à reproduire, la batterie juste et parfaite, la voix particulière de Jon Marsh (mon passage préféré quand il chante Stupid people they never learn) et cette guitare discrète qui monte en puissance et une touche de synthé finale pour emballer le tout. Quelle entrée en matière ! « Slow Drowning » appuie encore un peu plus sur des coups de butoir bien sombres (encore la basse), Marsch prend un ton plus grave pour ce qui est un texte plus nostalgique, avant l’arrivée un peu salvatrice des synthés et de la guitare qui essaient de surnager tels des oiseaux englués.

« In Trouble And Shame » vaut son pesant d’or pour la batterie martiale de Guy Gausden et la guitare qui multiplie les complaintes sous les doigts de Steve Waddington. La basse est omniprésente comme un matelas puissant pour porter le chant qui se veut survoler la bataille.

« This Means War » est rempli de questions existentielles de Marsh, qui traduit bien ses errances de jeune homme. Le jeu de batterie est varié, le rythme chaloupé portant le morceau de manière fantastique, avec ces notes de synthé qui semblent donner une réponse positive à ces paroles. L’album contient deux versions de « If Only ». Si la première est largement inspirée par Joy Division (pour la basse) et New Order (le reste), la seconde version de 1988 est quand même plus travaillée et emporte ma préférence avec une guitare plus bruitiste.

« Let It Begin » est sans doute mon morceau préféré de The Beloved. Rassemblant un vrombissement permanent de la basse, une batterie martiale, des accords justes de la guitare, ce titre me met en apesanteur à chaque fois, mes pieds se mettent à danser tout seuls et j’attends les dérapages de voix avec une joie immense. Je suis obligé d’écouter FORT, je ne peux rien y faire…Une jouissance un peu similaire à la seconde partie de « Perfect Kiss » de qui vous savez.

« Saints Preserve Us » est un ajout, car je ne connaissais pas ce morceau. On pense fortement (encore) à New Order, ce qui est un compliment, même si le morceau semble un peu « vert » à côté des autres. « Righteous Me » me pose question. Il est indiqué new vocal…Je suis surpris, car Marsh chante aussi bien qu’en 1987 sur ce titre. Une entrée toute en douceur laisse la place à une orchestration plus pop que le reste, dans laquelle tout est équilibré, y compris le texte qui porte sur le passage à l’âge adulte. « A Kiss Goodbye » est aussi très popisant, avec un son qui pourrait rappeler les premiers Smiths.

Le premier titre de l’ancienne version de cet album s’ouvrait sur « If Pennies Came From Heaven Could Karl Marx Have Been Mistaken ». Le titre interpelle déjà, mais musicalement tout est rassemblé, avec montées en puissance et variations de notes plaisantes. Quant au texte, je vous le laisse le découvrir, mais la fin tue Could karl marx have been mistaken ? Bonne question !

« Forever Dancing » première version sent un gros travail sur le côté synthétique, qui me rappelle un obscur groupe canadien MOEV. Quant au remix de Stephen Street, il est dans l’air du temps de l’époque en allongeant le morceau, mais je trouve de manière inutile.

« Surprise Me » est un titre que j’aime beaucoup pour sa qualité musicale toute en douceur, et sa qualité d’écriture traduisant un désappointement et une inquiétude amoureuse qui me touche so where do you go at the end of the day ? Where do you go when you seem so far away ? Tell me what happened to the promises that we made ? Where do you hide away ? « Having Fun » est également un titre absent sur mon album de 1987. Rien ne ressort vraiment de ce titre qui se laisse écouter tranquillement.

Le second CD est donc une série comprenant des démos. J’avoue ne pas en connaitre beaucoup.

 

Seuls « Disgrace » au ton curesque, et « Forever Laughing » qui a dû servir de base à d’autres titres, sortent un peu du lot. Et si en 2020, ils se sentaient de se réunir pour faire murir ces titres laissés en jachère ? L’espoir fait vivre, je sais…Mais je ne vais pas encore attendre 32 ans pour ça !