Placebo Loud Like Love

Placebo est un groupe qui me pose problème depuis quelques temps, entre déception latente face au manque d’inspiration des derniers albums, et espérance lorsque je les vois en concert se démener comme s’ils avaient encore vingt ans. La crise de croissance n’avait pas été surmontée visiblement. Je ne suis pas madame Irma pour prévoir ce qu’ils deviendront, mais je pense qu’avec cet album, je penche de nouveau dans l’espérance, non sans être totalement convaincu. A la lecture des commentaires ici et là, je vois que je ne suis pas seul dans le même cas, lisant de la haine pure à l’admiration la plus absolue pour ces dix nouveaux titres.

Les deux premiers morceaux sont du pur jus Placebo, avec quelques touches électro (pour faire jeune ?), avant d’aborder le titre qui a fait beaucoup parler de lui : « Too Many Friends » aux paroles bien inégales. My computer think I’m Gay m’a bien fait beaucoup rire, je le reconnais.

Justement sur les paroles, un cap a été quand même franchi avec une écriture moins directe (pour faire plus mur ?), abordant des sujets moins habituels chez ce groupe, dont « Rob The Bank » en est une parfaite illustration. On pourrait longuement parler des titres moyens que sont « Purify », à l’énergie juvénile marqué par une époque lointaine, « A Million Little Piece » mi tempo vaguement déjà entendu sur les albums précédents, mais cela ne relève que peu d’intérêt. Il faut s’arrêter sans doute plus à des titres autres qui pourraient préfigurer l’avenir de ce trio. « Exit Wounds » est d’une veine plus personnelle, avec une intro plus travaillée et des changements de ton, mais surtout « Hold On To Me » qui met en avant le voix singulière de Brian, « Begin The End » qui distille une progression sonique inédite et des paroles intelligentes, pour finir sur un « Bosco » dans lequel on a beaucoup de mal à rester insensible face à ce dépouillement total d’artifices.

Le comble est que j’apprécie désormais les morceaux les plus lents de ce groupe (suis-je en train de devenir vieux ?), dans lequel Brian est omniprésent. J’ai du mal à conclure de manière claire cette chronique tant je sens que la transformation est possible, mais non certaine. Déception ou espérance ? A vous de juger, je peux juste vous dire que c’est quand même un plaisir de retrouver Placebo à son vrai niveau, sans prétention et laborieux.