RIDE  This Is Not A Safe Place

Ride Acte 2 Scène 2. En clair, depuis la reformation de ce groupe mythique pour ceux qui ont été sensibles au Shoegaze et la Noisy Pop du début des années 90, ce titre est assez évident.

Après un précédent album assez inégal mais non moins plaisant, voilà de nouveau nos quatre anglais sur le devant de la scène musicale, à mon plus grand bonheur. Cela était certes une évidence pour moi, ayant entendu certaines bribes de conversations du groupe après un concert mémorable de 2017 à Six Fours, au Festival du Pointu. Une joie d’être sur scène évidente, couplé à une rencontre avec des fans post concert avec de larges sourires, il me semblait bien que notre quatuor allait poursuivre sur la lancée…

Distillant quelques singles bien encourageants, l’album sort un 16 août, ce qui est assez surprenant au tout premier abord. Mais qu’importe. « This Is Not A Safe Place » est assurèment un des meilleurs albums de cette année. En effet, le groupe y développe autant son savoir faire pop que ses envolées bruitistes, sans oublier des tentatives d’approches plus déconstruites, ni des mélodies évidentes.

On ne s’ennuie jamais dans cet album, car chaque titre ne ressemble à aucun autre.

L’album parfait ? Evidemment la réponse est négative, car Ride a tutoyé largement les sommets avec ses deux premiers albums « Nowhere et Going Blank Again » et ne songe désormais qu’à se faire plaisir.

Le temps de coller à son époque et de prouver à la Terre entière son savoir faire est révolu. Mais la qualité est largement bien présente, car loin de se reposer sur leurs lauriers,  Mark Gardener, Andy Bell, Lawrence Colbert, et Steven Queralt ont pris une assurance certaine et leurs liens semblent de nouveau très étroits. Nous sommes loin du déchirement qui avait précipité la fin du groupe lors de l’album Tarentula…

L’album s’ouvre de manière étrange, avec un morceau à la batterie et un déluge de concassage mixte synthétique et guitaristique tellement étrange que le groupe n’a réussi qu’à poser des vocalises et non des paroles.

Prise de risque inattendu vite passé lorsque le très pop « Future Love » déboule avec des guitares cristallines et un chant immédiatement reconnaissable, Bell et Gardener ensemble… « Repetition » était un des singles sortis avant l’album. Un rythme entrainant avec une ligne de basse profonde, ce titre est entétant et fait penser à Wire. Le quatrième poursuit une route qui est jusqu’ici bien surprenante, car « Kill Switch » est un petit brûlot qui semble sortir des premières années du groupe avec ses guitares tendues…

 

La suite se calme un peu avec sans doute les titres les plus faibles comme « Clouds Of Saint Marie », un peu mièvre, « Eternal Recurrence » et ses récurrences justement de Cocteau Twins.

« Fifteen Minutes » relance la mécanique avec ses guitares un peu dissonantes, ses breaks plaisants et ses ruptures de rythme bien puissantes. « Jump Jet » est sans doute le meilleur morceau de cet album, une introduction certes académique mais une chanson que nous aimerions tous créer, comme une évidence pop, soutenue par des guitares efficaces.

 « Dial Up » me laisse un peu sur ma fin tandis que «End Game » sort l’artillerie pour faire décoller le titre, tandis que « Shadows Behind The Sun » nous offre un moment plus intime voire désabusé.

L’album se termine avec « In This Room », seul morceau qui échappe au traditionnel couplet / refrain, riche et progressif, avec un envol qui envoie tous les auditeurs dans une autre dimension…  

Tout au long de ces 12 titres nous effectuons un voyage dont le paysage change souvent. Depuis le 16 aout, je reconnais faire ce voyage avec un plaisir immense. Longue vie à Ride en espérant vous voir encore en concert !