Arcade Fire Reflektor

J’ai attendu que le buzz autour de ce nouvel album des Arcade Fire se calme un peu, avant de donner mon avis sur ce double LP, qui a fini régulièrement dans le top ten des classements 2013. Ne suivant pas obligatoirement de manière continue leur discographie (j’ai lâché après le premier album), j’ai pris le temps de l’écouter attentivement.

On peut dire que le groupe canadien a mis le paquet, une écoute au casque révélant une palette d’instruments utilisés impressionnante, développant des musiques avec imagination, inspirés partiellement par les séjours en Haïti du groupe, et entourés d’autres professionnels dont la liste inspire le respect (David Bowie, James Murphy).

Tous ces ingrédients ont fonctionné à merveille pour donner 13 titres, largement originaux, avec trois autres arguments qui enfoncent le clou : le mélange des voix féminins / masculins, désormais bien rodé, le pari maintes fois gagné du duo anglo français dans les textes, et une ouverture d’esprit remarquable qui permet à ce combo d’être aussi bon sur de l’électro pur « Porno », de la musique caribéenne "Here comes The Night Time", de la dance «  Reflektor », du rock arty « Normal Person »,  du dub ensoleillé « Flashbulb Eyes », sans renier l’indé rock « It’s Never Over »..

On ne peut rester que béat face à ce déluge d’imagination, une véritable synthèse de styles, une mine aux trésors permanente. Face à tous ces arguments, il est évident de trouver un défaut, même si je trouve que ce groupe gagnerait à être parfois plus simple. D’ailleurs, ils arrivent même à l’être pour nous achever avec un « Afterlife » épique et un «Supersymmetry » solennel. 

Les Talking Heads, New Order se mèlent si facilement ici à Basement 5, The Clash version Sandinista.

Je ne vais pas détailler ce que j’ai ressenti pour tous les titres, la chronique en serait que trop pléthorique ; mes développements ne concerneront que 2 morceaux sur lesquels je décolle allègrement, les deux singles :

L’album démarre donc par « Reflektor », dont je vous recommande la vidéo, à l’image du groupe, sans limites visibles mais un talent sur et particulier. Les voix croisées du couple  Butler / Chassagne fonctionnent à merveille, les gimmicks sont merveilleux, les éléments électro idéalement placés avant de plonger dans un final ébouriffant avec des cordes largement aériennes.

L’autre single « Afterlife » m’emmène encore plus loin, avec un rythme effréné, une jouissance porté par les voix, une orchestration magnifique et tourbillonnante, digne d’un cyclone dont on ne se relève qu’avec grand mal.

Cet album marquera sans doute longtemps les esprits, car ce groupe réussit à dépasser les limites, sans se noyer, pouvant plaire à des auditeurs aux profils éloignés voire opposés. On peut facilement être entrainé dans la danse, s’inonder des envolées soniques, méditer sur des lignes musicales enveloppantes..

Le piège de la nostalgie et des revivals est évité avec brio, car les membres du groupe regardent  loin l’horizon, vers un futur qui sera pour eux un nouveau défi.