TRISTESSE CONTEMPORAINE  Stop And Start

Peu importe dans quelle catégorie doit rentrer ce groupe apatride au nom bien français, cold wave electro, krautrock et j’en passe des vertes et des pas mures, il convient de constater qu’avec ce troisième album, Tristesse Contemporaine frappe fort et juste. Les fantômes sont toujours présents, mais le combo évolue dans des contrées musicales qu’ils se sont appropriés avec classe et brio. Pourtant, avec la diversité de chaque membre (un suédois, une japonaise et un jamaïcain), la difficulté de se retrouver dans un pays pas spécialement sensible à ce type de musique originale, et le passé musical des trois compères, le pari n’était vraiment pas gagné.

La réussite vient sans aucun doute de la liberté de création qui les caractérise et d’une réflexion sensible à leur orientation musicale, qui n’est jamais figée. Même si l’ajout partiel d’un batteur enrichit la donne, on découvre tout au long de ces nouveaux titres une prédisposition à faire simple et accrocheurs (2-3 accords, boucles répétitives, enrichissement progressif, rythmes entrainants, textes sombres).

« Stop And Start » annonce pour certains la fin d’un cycle et le début d’un autre. Je ne le pense pas, la progression du groupe est palpable, sur une route qui leur appartient. Ce que je retiens sur ce nouvel album, c’est une certaine homogénéité de l’ensemble, sans qu’il y ait une trace de redite, ni de faiblesse d’un morceau à l’autre. Maik chante juste, son timbre grave étant magnifiquement noyé de reverb’, pendant que Narumi implante un décor synthétique envoutant et que Léo appuie le tout avec sa guitare plus présente. L’alchimie est là, pour le plus grand bonheur de nos tympans martyrisés par la soupe musicale actuelle.

« Let’s Go » ouvre l’album en implantant un décor qui, pour ceux qui connaissent le groupe, n’est pas surprenant mais diablement efficace, avec une vidéo clin d’œil aux eighties. « Dem Roc » a un son plus electro, hypnotique et enveloppant, tandis que « Girls » rappelle certains anciens morceaux avec une rythmique entrainante et des breaks bien placés. « Know My Name » réinvente un blues décharné, « Get What You Want » est d’une simplicité déconcertante, « Everyday » poursuit la même veine de dépouillement et de justesse, « I’t Doesn’t Matter » enfonce le clou avec un envol musical dont ils ont le secret et qui nous porte loin en apesanteur.

Mais le meilleur est, selon moi la fin de cet album. En effet, « Stop And Start » implante un décor désabusé, mais qui visite des espaces musicaux jusqu’ici peu exploré, tandis que « No Hope » est d’une puissance et d’une progression qui force le respect et la mélancolie. Mais le clou de cet album est vraiment « Ceremony », mon titre préféré, qui laisse augurer une suite magnifique aux prochains efforts discographiques de ce trio vraiment hors normes.

 

Loin d’une « hype », ce groupe aux facettes multiples a la capacité d’aller très loin et je crois sincèrement que nous ne sommes pas au bout de notre plaisir musical avec eux. 2017 démarre de la meilleure des façons.