The Big Pink A Brief History Of Love

Il est rare que je prête attention à quelques articles décrivant de manière dithyrambique un nouveau groupe à la mode. Les déceptions passées avec ce genre de reflexe sont légion et donc j'attends, de manière habituelle, que le gros de la vague passe, pour voir si effectivement tel ou tel groupe fait parler de lui en dehors d'une actualité récente. Cette méthode fut appliquée pour ce groupe, dont les références de tous les articles lus jusque là étaient alléchantes : My Bloody Valentine et Jesus And Mary Chain, avec des gouts prononcés également pour le shoegazing et l'electro. Le fait d'être signé par 4AD, label mythique dans ma discothèque, enfonçait le clou. Alors, j'y suis allé tout doucement, en écoutant deux singles tout d'abord, puis l'album. Ma première impression fut de me dire qu'il n'y avait rien de nouveau à l'horizon, une espèce de recyclage noisy 90's dans une technologie toute contemporaine. Certes le duo Robbie Furze et Milo Cordell connait toutes les ficelles soniques, mais j'ai eu du mal à avoir l'étincelle qui permet de dire : "j'ai trouvé quelque chose qui sort de l'ordinaire". J'ai donc laissé tomber l'affaire pendant quelques semaines. Et puis, un jour, je me suis remis à écouter dans le calme cet album qui ne se laisse pas facilement apprivoiser, cumulant murs de bruits, rythmes déstructurés, voix languissantes, textes gris désabusés. D'une manière générale, je peux avancer que cet album est inégal, alternant titres rageurs ou mélodiques de qualité, mais aussi de chansons très dispensables, comme si nos deux compères se cherchaient une identité propre au milieu de tant d'influences revendiquées et assumées. Je peux être compatissant envers un premier effort discographique, mais les deux amis ne sont pas nés de la dernière pluie musicale, ayant fondé un label et soutenus d'autres groupes. Qu'en est-il alors de cet album ? "Cristal Visions" plante vite le décor entre guitares noisy tordues et voix monocordes. Mon réflexe a été de penser aux premiers House Of Love, groupe injustement trop vite enterré. "Too Young To Love" démarre sur un rythme bancal qui soutient un mur larsenisé, avant de prendre un envol bruyant mais sympathique. Que dire de "Dominos" ? Ce titre, le plus connu de ce groupe, semble plus taillé pour être repris par une foule en liesse que par un public plus averti. Qu'importe si ce single peut attirer l'attention sur le groupe après tout ? "Love In Vain" offre une facette nouvelle avec cette boucle entêtante de synthé, un son de guitare enfin clair, une section rythmique apaisée. Les envolées lyriques sont agréables. "Velvet" est sans aucun doute le titre que je préfère, qui pourrait être une ligne directrice dans leur propre style, tout en retenue et voix bien placées. C'est par la suite que les choses se gâtent avec "Golden Pendulum" et "Frisk" qui sentent la redite et "Tonight" qui se cherche sur d'éventuels danceflloors. Le tout est tout de même rehaussé par "A Brief History Of Love" et ses jeux de voix particuliers, ainsi que "Count Backwards From Ten" aux accents pixiens tempo lent. Quoi de plus ? En concert, le duo est soutenu par un bassiste et une batteuse (nerveuse parait il) pour retranscrire un style non révolutionnaire certes, mais qui mérite d'être approfondi. Je suis donc dans une position d'attente : "wait and see"...