The Sound In The Hothouse

Plus de vingt ans après, je ne me remets pas de ce live tonitruant...
Autant les albums studios peuvent paraître un peu vieillots dans le pire des cas (quoique), contenant une certaine retenue, qu'au contraire, cet enregistrement représente pour beaucoup de fans le sommet de la carrière de cette formation particulière... Ce live est intemporel du fait de l'énergie qui s'en dégage, comme si c'était leur dernier, un cri de désespoir dans la nuit... Tous les morceaux composant cet album prennent une dimension tendue mais bénéfique. La voix d'Adrian Borland y est hantée, désespérée, sombre, touchante. Il donne sa pleine mesure, passant du hurlement au phrasé doux sans aucun effort. Son jeu de guitare est enfiévré, nerveux, épileptique. Même dans les moments soi disants calmes, on sent la rage sous jacente comme dans "Winter" et "Judgment" poursuivie par la suite par désir d'en découdre à coups de riffs cinglants, sans fioritures... On est ici dans le domaine de l'émotion, brute de décoffrage. Le tout est porté à bouts de bras par une basse hypnotique, une batterie sèche et précise et des synthés hantés... Ces instruments si discrets en studio occupent le terrain sonique de manière imposante, pour planter un décor qui n'est pas léger mais singulier. Les mélodies sont de haut niveau, portées par un rythme accéléré, ponctuées par des déflagrations et en particulier dans "Skeletons", "Red Paint", et "Missiles"... Ici, on parle d'une cohérence de groupe voué à transcender cette voix hors du commun, que l'on a souvent rapproché à celle de Ian Curtis. On peut regretter que The Sound n'ait pas eu le succès qui lui était du, mais ce groupe était sincère et refusait toute compromission. Il n'est pas important de tenter de classifier The Sound comme new-wave ou post punk, leur musique allait bien au delà. Ce qu'il faut surtout retenir par ici, c'est la sensibilité à fleur de peau, criante sur cet album. Adrian Borland ne savait pas tricher avec lui même, avec des paroles habitées. Sur cet album, on ne sent pas une communion avec le public ; celui ci a reçu au contraire une grande claque et doit encore s'en souvenir ! Je ne suis pas un spécialiste des live, mais lorsqu'un groupe donne tout ce qu'il a dans les tripes, comment ne pas rester insensible ?